CRANIOSACRALE
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LA THERAPIE CRANIOSACRALE

ET LE DYSFONCTIONNEMENT DE LA MOELLE EPINIERE

 

Par Laurance Johnston, Ph.D.
Traduit par Edwige Nault

La thérapie craniosacrale est une procédure douce basée sur l’expérience afin d’évaluer et améliorer le système craniosacral, un système physiologique entourant le cerveau et la moelle épinière.

Les partisans de la thérapie croient que ce système influence le corps entier en affectant aussi bien le cerveau et la moelle épinière que l’hypophyse et l’épiphyse. En tant que tel, le système craniosacral a le rôle de fonction centrale sur lequel dépend le bien-être du corps entier. En tant que fonction centrale, la thérapie a la capacité de traiter de nombreux troubles, dont le dysfonctionnement de la moelle épinière (SCD).

Histoire :

La thérapie craniosacrale s’est développée à partir de la médecine osthéopatique avec la mise en valeur du squelette musculaire. Au début des années 1900, un médecin osthéopathe  William Sutherland a conclu que les os du crâne ne sont pas fermement fixés mais peuvent bouger les uns par rapport aux autres. À partir de ces observations, il a développé un traitement appelé l’osthéopathie craniale. Ces dernières années, le Dr Upledger a développé les observations de Sutherland et les a incorporées dans un traitement appelé maintenant thérapie craniosacrale.

L’intérêt du Dr Upledger a été stimulé tôt dans sa carrière. Pendant qu’il assistait un neurochirurgien lors d’une opération où l’on enlevait une plaque de la membrane de la moelle épinière à un patient, Upledger a observé la membrane palpiter malgré tous ses efforts pour qu’elle reste immobile. Ce fut la première observation du rythme craniosacral. Plus tard et pendant 8 ans, il a recherché sur ce phénomène en tant que professeur de biomécanisme à l’Université du Michigan (East Lansing). Afin de mieux transférer ses découvertes aux consommateurs, en 1985, il a établi l’Institut Upledger à Palm Beach Gardens, Floride. Depuis, plus de 38000 praticiens ont été formés à la thérapie craniosacrale, dont les ostéopathes, les docteurs en médecine, les chiropracteurs, les psychologues, les dentistes, les physiothérapeutes, les acupuncteurs et les thérapeutes masseurs.

Le système craniosacral :

La moelle épinière est entourée par un système de membrane à trois couches (les méninges) qui est à l’intérieur de la colonne vertébrale. La couche extérieure est appelée la dure mère, la couche du milieu est la membrane arachnoïde et la couche la plus profonde est la pie mère. La couche intérieure est solidement attachée à la moelle épinière, tandis que le fluide cérébrospinal est entre les autres sections. En plus de fournir les éléments nutritifs, le fluide lubrifiant cérébrospinal permet aux couches de la membrane de glisser l’une sur l’autre quand la colonne se penche et tourne. La dure mère protège tout ce qui est à l’intérieur, dont le cerveau et la moelle épinière.

Le système craniosacral consiste en ce système membranaire, le fluide cérébrospinal, les structures physiologiques qui contrôlent la consommation du fluide et l’écoulement, et les os apparentés. C’est un système hydraulique biologique semi-inclus entourant le cerveau et la moelle épinière. A l’intérieur du système, le fluide cérébrospinal bat de façon rythmique à un taux de environ 10 cycles par minute. Il est indépendant des rythmes du cœur et respiratoire.

La barrière du fluide du système craniosacral est la dure mère, qui compose aussi la couche à l’intérieur du crâne. La recherche du Dr Upledger indique que les os du crâne doivent bouger légèrement et continuellement pour s’adapter aux changements de pression du fluide dans le système hydraulique semi-fermé. La barrière de la membrane est aussi attachée à la vertèbre supérieure du cou, la vertèbre inférieure du sacrum, le coccyx et les ouvertures de la colonne cérébrale d’où les nerfs sortent et se prolongent dans le corps.

Tout événement qui interfère avec la capacité de la membrane à s’adapter aux pressions et volumes du fluide fluctuant et rythmé est un problème potentiel.

L’objet de la thérapie craniosacrale est de trouver les zones de mouvement restreintes qui compromettent la fonction et réétablir un mouvement normal. Comme le système craniosacral inclus le cerveau et la moelle épinière, il influence tout le système nerveux, affectant beaucoup de fonctions du corps. Cela inclus les importantes glandes pituitaire et pinéale. Ces glandes ont le potentiel d’affecter l’équilibre hormonal entier du corps.

La controverse :

Le courant dominant de la médecine a critiqué la thérapie craniosacrale, quelquefois bruyamment, essentiellement parce que la théorie sous-jacente contestait beaucoup d’hypothèses classiques anatomiques. Par exemple, le Dr Stephen Barrett, un critique franc des traitements alternatifs, dit que « la théorie derrière la thérapie craniosacrale est erronée parce que les os du crâne se fusionnent pendant la petite enfance et le fluide cérébrospinal n’a pas de rythme palpable ».

Le Guide des Médecines Alternatives du Dr Rosenfelds se fait l’écho de cette critique. Cependant, ce dogme n’est pas accepté universellement. Dans certaines parties d’Europe, par exemple, on enseigne que les os du crâne ont, effectivement, un mouvement potentiel.

Le Dr Upledger a l’intuition que l’axiome concernant les os du crânes fusionnés est peut-être venu de la pratique routinière d’examens anatomiques de cadavres faits « longtemps après le décès » et traités avec des produits chimiques conservateurs. Il dit que les sutures (les bords de l’os crânien) non conservées, fraîches sont pleines de tissus dynamiques, de nerfs et de vaisseaux sanguins, en accord avec un système flexible permettant le mouvement. Par opposition, les sutures de vieux crânes conservés apparaissent calcifiés.

Le Dr Upledger dit que la plupart des neurochirurgiens n’ont pas observé le rythme craniosacral parce que la plupart des opérations pénètre la membrane barrière requise pour maintenir le rythme. Dans son guide, le Dr Rosenfeld est d’accord dans l’ensemble, remarquant que « Malheureusement, aucun de mes collègues… parmi d’autres, certains de très bons neurologues – n’ont touché ou ont eu un contact avec le fluide cérébrospinal sauf après l’avoir extrait pour analyse ».

Une procédure basée sur l’expérience :

Pendant la thérapie craniosacrale, les thérapeutes formés utilisent un léger toucher équivalent au poids du nickel, et sentent le mouvement rythmé du fluide cérébrospinal au sein du système craniosacral. Les thérapeutes vérifient le taux, l’amplitude, la symmétrie et la qualité de ce mouvement en forme de vague, aux endroits où la membrane barrière craniosacrale est attachée aux os, comme le crâne, le sacrum et le coccyx. Toute restriction ou blocage est traitée avec des ajustements par léger toucher.

Une restriction sur une partie du système craniosacral peut affecter le système entier, le traitement implique donc de travailler à un point distant du symptôme déclaré. En assistant les forces hydrauliques du système craniosacral, on peut ainsi améliorer le fonctionnement du système nerveux central, le traitement facilite le sens inné du corps et les mécanismes d’auto-guérison.

Le dysfonctionnement de la moelle épinière :

Le Upledger Institute’s Brain and Spinal Cord Dysfunction Program traite environ 120 personnes chaque année. La  plupart ferait des progrès, allant de récupérations modestes à presque spectaculaires. Les changements se font au niveau de la motricité, du contrôle de la vessie et du rectum, de la spasticité et un bien-être général. Comme généralement les patients sont au moins deux à trois ans post-accident, les progrès ne sont pas attribués à l’amélioration résiduelle et fonctionnelle en cours souvent observée durant la première année suivant la blessure médullaire.

Le service établit un programme intensif sur mesure de deux semaines à la personne. Cela peut inclure une diversité thérapies supplémentaires, comme les massages, l’acupuncture, et une thérapie craniosacrale connexe appelée libération somatoémotionnelle. Ces procédures sont en partie faites pour aider les muscles spastiques, blessés, hypertoniques ou inutilisés ; ils aident aussi le flux et l’équilibre d’énergie. Les individus sont généralement traités une fois par an, et ont souvent une thérapie de suivi chez eux. Chaque jour commence par un groupe de discussion qui comprend les patients et les thérapeutes, suivi de deux heures de thérapie le matin et l’après-midi.

Comme c’est le cas pour beaucoup professionnels de la santé utilisant des thérapies craniosacrales ou connexes, les thérapeutes de la thérapie craniosacrale expérimentéss sentent qu’ils peuvent « lire » le corps. Par exemple, ils peuvent localiser le niveau de la lésion sans autre information. De plus, ils remarquent souvent des sites lésionnaires secondaires ou tertiaires résultant des forces d’impact vecteurs ou mécaniques. Par exemple, il est possible qu’un tétrapléqique C4 ait un traumatisme secondaire au niveau T5.

Le Dr Upledger dit que le traumatisme initial résulte en œdème. Un trop-plein de fluide cérébrospinal a  pour conséquence une séparation de tissu qui guérit en cicatrice fibreuse. « C’est comme un fil de cuivre après avoir été écrasé avec un marteau, il ne conduira pas aussi bien », dit-il. Parce que ce dommage secondaire arrive relativement tôt après la lésion, Upledger croit que pour que le fluide continue à circuler, les patients devraient recevoir le traitement dans le mois qui suit les lésions. Malheureusement, si l’on suit les standards de soins médicaux courants, l’accès à la thérapie craniosacrale est peu probable.

Jackie, qui a recu la thérapie, a été blessé en 1990 dans un accident de voiture, il est tétraplégique incomplet. Il a commencé le traitement l’année dernière et a reçu le traitement plusieurs fois au centre, il dit énergiquement « ils m’ont aidé plus que personne ne l’a jamais fait avant. J’ai maintenant beaucoup plus de sensations et de contrôle sur mes muscles ». Jackie marche aujourd’hui sans les grandes attèles dont il avait besoin avant. C’est un homme qui aime « travailler dur et jouer dur », et il a amélioré les muscles du tronc, cruciaux pour l’équilibre, qui lui permettent d’utiliser une voiture à trois roues de nouveau. Il se rappelle clairement le moment sur la table de thérapie lorsqu’il a recouvré des sensations dans sa hanche gauche. « Les fourmillements étaient la même sensation que lorsque vous essayez de bouger une jambe endolorie ». Jackie dit que les patients et le personnel développent des relations importantes. « Ils sont comme des voisins de palier ».

Comme c’est le cas pour beaucoup de traitements, alternatifs et conventionnels, les études cliniques scientifiquement rigoureuses n’ont pas soutenu la thérapie craniosacrale pour le dysfonctionnement de la moelle épinière. Bien que les résultats soient prometteurs, ils sont encore anecdotiques. Cependant, compte tenu de la base croissante de ces résultats anecdotiques et l’évidence soutenant l’existence d’un système craniosacral, le potentiel de la thérapie semble prometteuse pour beaucoup.

Contact : L’Institut Upledger au 561/622-4334 ou http://upledger.com

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